Il valait mieux ne pas être trop intelligent quand on était jeune à Morez. Une invention détruite et l'inventeur (17 ans et déjà opticien) menacé de prison, pas vraiment sympathiques ces braves gens ...
Heureusement qu'ils ne brûlaient plus les sorcières depuis une centaine d'années, sinon, son compte était bon!
Ce que dit la presse : "l'Auto" de novembre 1905 : Paul Vuillermoz, tout en remarquant que l'engrenage actionnant les roues arrière était "tel que nous l'avons aujourd'hui dans les voitures modernes", raconte cette expédition : "Un beau soir à minuit, à l'heure où il n'y a plus de chevaux à effrayer sur les routes, de bourgeois à scandaliser dans la rue, Paul Jacquemin, avec deux courageux camarades, monta dans le véhicule, et ... Partez !
On partit à l'assaut de la forte rampe qui conduit de Morez au village de Morbier. Le moteur faisait rage et, en dépit de quelques accrocs, on atteignit bel et bien le but, et la voiturette rentra, suivant l'expression consacrée, par ses propres moyens. Un triste lendemain attendait les vainqueurs. Le bruit du départ avait arraché quelques habitants au sommeil. Ce fut un tollé d'indignation. Les imaginations en détresse voyaient déjà les chevaux effrayés par l'engin, franchir les parapets des routes.
Quelques âmes mystiques entrevirent un piège de satan. Bref, on cria au scandale et on porta plainte. Le malheureux inventeur connut l'anathème de ses concitoyens auxquels il apportait la lumière. Il dut renier son oeuvre et courber la tête devant le maire de Morez qui lui signifia, au nom d'une population justement bouleversée, d'avoir à renoncer à de pareilles folies, sous peine de voir s'ouvrir devant lui les portes de la maison d'arrêt. Quant à la machine infernale, on l'exila dans un grenier, où son constructeur eut la douleur de la voir mutilée, pièce par pièce, pour être ensuite affectée à des destinations qu'il n'avait guère prévues pour elle".
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